Natalie Dessay, imprévisible et rayonnante
Très élégante dans une robe noire, courte et évasée, La soprano aborde le premier lied avec prudence, et une certaine retenue qui convient particulièrement aux pages plaintives et douloureuses de Fanny Hensen-Mendelssohn dont la carrière a été sérieusement bridée par son père et son frère qui, déclarant qu’elle n’avait jamais souhaité devenir compositeur, ajoutait « Elle est trop femme pour cela [sic] ». Puis la voix s’échauffe peu à peu et s’épanouit pleinement dans les lieder plus aboutis de Clara Schumann qui exaltent l’amour romantique et serein. Ceux qui redoutaient d’assister aux derniers feux d’une chanteuse finissante auront été rassurés. Natalie Dessay est encore en pleine possession de ses moyens, aucun vibrato intempestif n’affecte sa ligne de chant, le timbre lumineux et limpide a conservé ses sonorités juvéniles, le medium s’est étoffé et le registre grave a gagné en largeur. Seuls un ou deux aigus forte légèrement détimbrés en seconde partie pourraient trahir le passage des ans. L’ensemble de ces mélodies mettent en valeur la musicalité et l’intelligence de la cantatrice dont le talent de diseuse rend justice aux poèmes qui les ont inspirées. Ni les textes ni leur traduction ne figurant dans le programme de salle, pas plus que les surtitres durant le concert, Natalie Dessay pallie cette lacune en présentant elle-même, non sans malice, les pages qu’elle interprète pour le plus grand bonheur des spectateurs. La première partie s’achève avec trois lieder d’Alma Mahler et leurs grandes envolées lyriques qu’elle exalte avec une voix radieuse, non dépourvue de sensualité
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